LES BUNKERS

[Entrevue] L’entrepreneur derrière go-van.com

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, ça pleut dans mon fil d’actualité, des instagramers qui se proclament nomades numériques. Si tu ne connais pas encore ce terme, crois-moi que tu vas en entendre parler très bientôt (c’est quelqu’un qui se sert de la technologie pour travailler à distance en adoptant un style de vie nomade [lire hippy selon Olivier]).

Je ne sais jamais trop quoi en penser des soi-disant nomades numériques: est-ce qu’ils vivent vraiment de ça, combien d’argent en retirent-ils, s’ils ont acheté leurs abonnés ...

Une chose est sûre, en 2017, être nomade numérique, c’est autant à la mode qu’avoir des poules dans sa cour arrière. Et ce n’est pas moi qui invente ça, Google Trends le dit!

Pour avoir l’heure juste sur le sujet, j’ai rencontré l’expert du nomadisme numérique, Julien Roussin Côté, derrière le projet Go-van.com, un magazine en ligne pour et par des nomades, qui a vu le jour en 2015.

Entrepreneur avant tout

Ce n’est pas d’hier que Julien s’intéresse à l’entrepreneuriat. Au secondaire, il avait gagné le titre du meilleur président et meilleur vendeur pour sa mini-entreprise avec JE.

En 2000, alors qu’il avait 19 ans, Julien a lancé 33mag, un magazine dédié aux sports d’action. Un peu plus tard, son entreprise a été rachetée par NewAd (ceux qui gèrent les affiches que tu vois quand t’es assis(e) sur le bol d’une toilette publique).

Julien est resté employé de 33mag pendant deux ans. Comme son poste consistait à créer du contenu, il voyageait pas mal tous les weekends à la recherche de nouvelles histoires à raconter. Et c’est là qu’il a réalisé que d’avoir une maison sur 4 roues lui simplifierait la vie.

Crédits photo: Ariane Moisan, îles de la Madeleine

Durant ses voyages, il rencontrait plein de weekenders (des gens qui font des expéditions/mini-voyages la fin de semaine) qui avaient de belles histoires à raconter. Chacun avait du contenu hyper intéressant à partager, mais ces histoires dormaient sur leurs médias sociaux respectifs. L’idée d’avoir une  plateforme pour permettre aux nomades de partager leurs expériences s’est mise à germer.

C’est quand son poste a été coupé, en septembre 2014, qu’il s’est mis à penser sérieusement à son projet, à imaginer son brand, son logo et son contenu. Il obtient une marge de crédit de 50 000$ pour créer son site web et ses premiers contenus. 4 mois plus tard, il part à l’aventure.

Crédits photo: James Campbell, Saskatchewan

«J’ai mis mon site web en ligne et j’suis parti»

15 janvier 2015. Julien met son site web, sa page Facebook et sa page Instagram en ligne et part en roadtrip. 0 trafic, 0 like, 0 followers. Destination ultime, le Mexique.

Au lieu d’aller cogner aux portes pour trouver des commanditaires, Julien avait comme idée de créer du contenu tellement bon que les brands viendraient à lui.

Grâce à son prêt, il engage, pour 3 semaines, le vidéaste connu Guillaume Beaudoin, avec qui il a tourné 5 vidéos. Ces vidéos-là, c’était «son stunt de départ». Et ce fut un pari bien misé. Les vidéos ont cumulé plus de 250 000 vues en quelques semaines, La Presse, entre autres, a rédigé un article à propos de ses aventures. Il croit que le drone utilisé par Guillaume dans ses vidéos a joué un grand rôle, parce que c’était encore avant-gardiste comme technique de filmage, au début 2015.

L’effet a été immédiat. Go-van.com a pris son envol, pour en arriver aujourd’hui à 3 employés à temps partiel, une boutique de e-commerce, 22 000 abonnés Facebook et 71 000 abonnés Instagram.

«J’avais identifié qu’Instagram était LA plateforme à utiliser dans ce temps-là. Alors j’ai focusé là-dessus. J’y ai mis beaucoup d’efforts dans les premières années» explique Julien. Il ajoute, avant même que j’aie eu le temps de lui demander, qu’il n’a jamais acheté de followers.

Sa stratégie publicitaire Facebook? «J’ai un budget de 500$ par mois. Avant, j’utilisais la publicité surtout pour promouvoir des concours ou des événements. Maintenant que j’ai la boutique en ligne, c’est là-dessus que je mise presque tout le budget. Le remarketing en fait partie.»

Pourquoi miser sur Facebook plus qu’Instagram en pub? Parce que dans son cas, Facebook convertit mieux, pour les ventes sur sa boutique en ligne, alors qu’Instagram va lui apporter du trafic organique.

Crédit photo: Jimmi Francoeur, Montréal

L’engagement de son audience est crucial pour le fondateur. La première métrique qu’il va regarder sur Facebook, c’est la portée. Il a déjà eu 180 000 de portée, sans payer, sur sa page qui n’avait même pas 20 000 fans. «Ceux qui me suivent sont très engagés envers le brand», explique-t-il. Comment est-ce possible? Regardons sa stratégie.

Monétiser son blogue

Si vous suivez les conseils d’Olivier, ce conseil ne sera pas nouveau pour vous: pensez à monétiser votre blogue dès le départ.

Julien savait exactement, dès le départ, comment il voulait monétiser son projet. Et il ajoute: «Beaucoup de gens ont tenté de me décourager, ils trouvaient que ça ne faisait aucun sens. Mais aujourd’hui, je suis en train de leur prouver le contraire. Tout ce que j’avais en tête est en train de se concrétiser.»

Voyons en détail sa stratégie de monétisation, qu’il appelle «Ses 4 piliers».

1- Le contenu, c’est la clé

Toutes les histoires d’entrepreneurs/blogueurs à succès que j’ai analysées récemment ont un point en commun: ils ont débuté avec de la création de contenu pour se bâtir une audience. C’est la clé. (Si tu n'es pas certain(e) de comprendre, je te conseille fortement d’écouter la conférence d’Olivier où détaille sa stratégie pour créer du contenu et bâtir une audience rapidement).

Grâce au contenu qu’il a généré au travers de son blogue, Julien a réussi à dénicher des commandites avec des marques de plein air, des contrats avec des Offices de tourisme, etc. Il a même touché au jackpot en ajoutant Safari Condo à ses partenaires. L’entreprise de la Beauce lui prête une van pour ses aventures, ce qui fait différent de sa première maison sur roue, une van de 1989.

Crédit photo: Jimmi Francoeur, Montréal

Comment faire, dans un monde bondé d’information où tous peuvent créer du contenu, pour se distinguer?

Pour l’entrepreneur, la réponse se trouve dans le fait qu’il est capable de produire du contenu de façon légère et non publicitaire. D’ailleurs, il s’assure toujours de créer du bon contenu qui doit miser sur au moins l’un de ces points:

  • Faire un effet wow
  • Faire vibrer les gens
  • Apprendre quelque chose aux gens
  • Être drôle.

Au début, Julien rédigeait 100% de ses articles. Puis, à partir du moment où il a eu 10 000 abonnés Instagram, les gens ont commencé à le contacter pour rédiger des articles sur son blogue.

Il ajoute: «Aujourd’hui, c’est différent sur Instagram. Avoir 10 000 abonnés n’est plus un exploit. Je pense que l’équivalent aujourd’hui, pour attirer des rédacteurs comme je l’ai fait, serait d’avoir 30 000, voir 50 000 abonnés...»

À ce jour, Julien rédige environ 10% du contenu, le reste est créé par des contributeurs, qu’il sélectionne attentivement, racontant leurs histoires.

2- Les événements

Bien qu’il juge que c’est le contenu qui a le plus d’impact actuellement, il ne négligerait pas pour autant les événements qu’il organise, des meetup (rencontres) de van où les campeurs se rassemblent le temps d’un weekend.

Crédits photo: Simon Stiles, BC

«Faire du contenu, c’est accessible à tous. La preuve, tout le monde en fait! Mais, les événements, c’est moins évident. Il faut être bon pour mobiliser les gens autour d’un intérêt commun et c’est ce qui fait une différence».

Une différence qui compte énormément pour Go-Van parce qu’ils transforment de simples abonnés virtuels en véritables ambassadeurs. Sur place, les campeurs achètent ses produits à l’effigie de Go-Van et veulent leur autocollant à mettre dans leur vitre de campeur. 

3- Les aventures guidées

Depuis peu, Go-Van propose des expéditions guidées aux amateurs de voyage. Pour quelques jours, les voyageurs, dans leurs vans respectives, découvrent des régions avec l’équipe de Go-Van.

Les participants ne se soucient pas de la location du véhicule, de l’itinéraire, de l’équipement de camping, des repas ou des réservations. Go-Van pense à tout pour eux.  De la Californie jusque dans l’Est-du-Québec, il y en a pour tous les goûts.

4- La boutique en ligne

Le quatrième et dernier pilier sur lequel Go-Van s’appuie pour monétiser son projet est une boutique en ligne. Cette dernière, conçue avec la plateforme Shopify, propose un inventaire de produits spécialisés pour, vous aurez deviné, les nomades en van!

L’expédition et la gestion de l’inventaire se font à partir de son entrepôt à Montréal et requièrent un employé de confiance à temps partiel (faites-lui signe si vous êtes intéressé, il cherche présentement quelqu’un pour ce poste!).

Son plus gros défi: Stabiliser les revenus. Julien explique qu’il y a des périodes mortes.

Ce qui s’en vient: Structurer l’entreprise davantage pour avoir un modèle d’affaire difficilement copiable.

Au final, la mission de Go-Van c’est de rassembler des humains. Et le véhicule que Julien a trouvé pour y arriver, c’est sa van. L’entrepreneur a su transformer son style de vie en une entreprise, et ça, c’est aussi inspirant que cette image.

Crédits photo: Simon Stiles, Utah

Tu as aimé cet article? Tu aimerais être informé des futures publications? Abonne-toi par courriel!

Sur le blogue