LES BUNKERS

Comment augmenter son salaire en utilisant sa position comme levier

La majoritĂ© des problĂšmes financiers peuvent se rĂ©gler Ă  l’aide d’un des deux moyens suivants:

  1. ArrĂȘter les dĂ©penses inutiles, les cappuccinos Ă  5 $ et les tartares Ă  26 $.
  2. Faire plus d’argent, assez pour que le problùme se rùgle tout seul.

Je ne sais pas pour toi, mais j’aime bien les cappuccinos
 et les tartares, les sorties au cinĂ©ma, les belles voitures, prendre un scotch au bar


Si, toi aussi, tu aimes vivre sans avoir l’impression de toujours avoir à te priver, alors il te reste la deuxiùme option: faire “assez” d’argent pour faire disparaütre tes problùmes.

Bien sĂ»r, “assez” est une valeur subjective. Ce qui est assez pour moi ne le sera peut-ĂȘtre pas pour quelqu’un d’autre. Ça dĂ©pend de tes points de rĂ©fĂ©rence, de la ville dans laquelle tu habites et du nombre de personnes Ă  ta charge.

Ceci Ă©tant dit, une Ă©quipe de Princeton a pu dĂ©terminer en se basant sur un sondage examinant le niveau de bonheur de 500 000 foyers amĂ©ricains que le revenu familial moyen requis pour ĂȘtre heureux Ă©tait d’environ 75 000 $US (environ 100 000 $CA). Une fois ce revenu atteint, chaque dollar additionnel avait un impact minime sur le niveau de bonheur des gens.

Si on s’entend pour dire que les deux personnes du couple gagnent autant d’argent, ça veut dire que le revenu magique pour rĂ©gler ses problĂšmes financiers n’est que de 24 $ de l’heure, un objectif trĂšs rĂ©aliste pour la plupart des gens.

Malheureusement, 70 % de la population québécoise se trouve sous ce seuil. En fait, 40 % font moins de 25 000 $ par an. Pour la plupart des gens, cet objectif requiert donc littéralement de doubler sa valeur!
Mais bon... Que tu gagnes 25, 50, 75 ou 100 k$ par an, mon argument reste le mĂȘme: l’option 2 est plus facile (et agrĂ©able) que l’option 1.

La plupart des gens choisissent malheureusement la premiĂšre option pour plusieurs raisons.
Entre autres parce que c’est le conseil que tous les “gurus” de la finance personnelle ont l’habitude de donner: “coupe dans le gras et met de l’argent de cĂŽtĂ©â€. Pourtant, lorsqu’on regarde comment EUX ont bĂąti leur richesse, on se rend vite compte qu’ils viennent d’une famille favorisĂ©e ou qu’ils ont Ă©tĂ© particuliĂšrement chanceux.

D’un autre cĂŽtĂ©, il faut reconnaĂźtre qu’on est conditionnĂ©s pour penser comme ça. Biologiquement, la peur de perdre l’emporte toujours sur l'attrait du gain. Si tu demandes une augmentation Ă  ton patron et qu’il dit non, ça va faire mal Ă  l’égo! On aime mieux attendre le bon moment qui, finalement, n’arrive jamais. On joue pour ne pas perdre et non pour gagner.

Finalement, il y a toute la question du mindset. Lorsqu’on pense en employĂ©, on voit nos revenus comme une tarte limitĂ©e. Ton salaire est de 35 000 $ par annĂ©e et il n’y a pas grand-chose que tu puisses faire pour doubler ou tripler ce chiffre rapidement. Puisque la tarte est limitĂ©e, la seule option logique qui reste est de rĂ©duire ses dĂ©penses. Mais lorsqu’on est entrepreneur, les rĂšgles sont diffĂ©rentes. Ce n’est pas une tarte, mais un buffet Ă  volontĂ©. Le monde est rempli d’opportunitĂ©s et c’est ton devoir de les saisir pour gĂ©nĂ©rer un maximum de revenus le plus rapidement possible. Doubler ou quintupler ses revenus en quelques annĂ©es est monnaie courante dans le monde de l’entrepreneuriat.

Ce n’est pas parce que tu es un employĂ© que c’est impossible pour toi de penser comme un entrepreneur et d’ĂȘtre proactif!

Dans les prochaines pages, je vais t’expliquer comment concrĂ©tiser l’option 2 et faire suffisamment d’argent pour que ça ne soit plus un problĂšme. Comme tu vas voir, quelques petits ajustements dans la façon de nĂ©gocier sont souvent largement suffisants pour te permettre d’ĂȘtre rĂ©compensĂ© Ă  ta juste valeur!

Le test de la guimauve.

En 1960, un homme du nom de Walter Mischel a enfermĂ©, tour Ă  tour, 600 enfants ĂągĂ©s de 4 Ă  6 ans dans une piĂšce ne comprenant rien d’autre qu’une table, un faux miroir et une guimauve.

Je te rassure avant que tu ne te fasses des idĂ©es. Non, Walter n’était pas un pĂ©dophile. En fait, il Ă©tait en train de mener une Ă©tude qui allait complĂštement changer la façon dont on perçoit le contrĂŽle de soi ainsi que la discipline personnelle.

Chacun leur tour, les enfants Ă©taient amenĂ©s dans la piĂšce oĂč une gĂąterie de leur choix les attendait (un OrĂ©o, une guimauve ou un pretzel).

“Tu peux manger la guimauve”, disait le chercheur, “mais si tu attends 15 minutes, on va t’en donner une deuxiùme!”.

Il quittait ensuite la piùce pour rejoindre ses collùgues derriùre le faux miroir et observer le combat de l’enfant avec sa tentation.

J’espĂšre que les chercheurs avaient du pop corn, parce que la scĂšne devait ĂȘtre cruellement drĂŽle. Certains enfants se couvraient les yeux ou se tournaient pour faire dos Ă  la tentation, d’autres donnaient des coups de pieds sur la table et certains flattaient la guimauve, comme si c’était une peluche!
Une minoritĂ© des enfants ont dĂ©cidĂ© de manger la guimauve sans mĂȘme hĂ©siter. De ceux qui ont dĂ©cidĂ© d’attendre pour avoir la deuxiĂšme gĂąterie, seulement le tiers ont Ă©tĂ© capables de patienter les 15 minutes requises.

Ces enfants ont Ă©tĂ© les sujets de trois autres Ă©tudes sur une pĂ©riode de 40 ans dans l’objectif de dĂ©terminer l’impact de leur capacitĂ© Ă  dĂ©layer la gratification, c’est-Ă -dire s’ils ont Ă©tĂ© capables d’attendre pour recevoir leur deuxiĂšme guimauve, sur leur succĂšs dans la vie.

RĂ©sultat? Les enfants qui ont Ă©tĂ© capables d’attendre Ă©taient dĂ©crits par leurs parents comme Ă©tant extrĂȘmement plus compĂ©tents que les autres, avaient de meilleures notes Ă  l’école, prenaient moins de drogue, Ă©taient moins susceptibles d’ĂȘtre obĂšses et gĂ©raient mieux leur stress. La derniĂšre Ă©tude a mĂȘme Ă©tĂ© jusqu’à faire un scan de leur cerveau sous un appareil Ă  rĂ©sonance magnĂ©tique. Ils ont dĂ©couvert que les enfants capables de dĂ©layer la gratification avaient, 40 ans plus tard, un cortex prĂ©frontal (centre du contrĂŽle de soi) et un striatum (centre de rĂ©compense) plus dĂ©veloppĂ©s.

À chaque expĂ©rience, les chercheurs ont dĂ©montrĂ© que la capacitĂ© Ă  dĂ©layer la gratification Ă©tait cruciale au bien-ĂȘtre et au succĂšs des individus.

Ce qui m’amùne à te poser la question suivante


Disons que tu gagnes prĂ©sentement 16 $ l’heure. À ton Ă©valuation annuelle, ton patron t’offre le choix entre deux choses: 4 000 $ aujourd’hui ou une augmentation de 1 $ l’heure. Que choisis-tu?

Un bonus ou une augmentation?

Lorsque je pose la question aux gens, la réponse est presque unanime: je prends le bonus.
40 $ de plus par semaine, ça ne change pas le monde! Mais 4 000 $ d’un coup? Là tu jases, ça donne un bon lousse pour respirer!

La premiĂšre fois qu’on m’a donnĂ© un bonus, j’étais tellement heureux. “Wow, ils doivent vraiment apprĂ©cier mon travail!”

Puis, je suis tombĂ© sur l’étude de Walter Mischel, j’ai sorti ma calculatrice et j’ai rĂ©alisĂ© que j’étais, comme la majeure partie des gens, terriblement naĂŻf


Le premier facteur qu’on ne prend pas en compte est l’inflation
 L’argent d’aujourd’hui vaut beaucoup moins que l’argent de demain! Chaque annĂ©e, l’argent perd environ 2 % de sa valeur. Ça veut dire que si tu ne fais pas augmenter ton salaire d’au moins 2 %, ton salaire rĂ©el baisse! À 16 $/h, ton “bonus” de 4 000 $ va donc te coĂ»ter 665 $ en inflation au cours de l’annĂ©e s’il n’est pas accompagnĂ© d’une augmentation.

Ensuite, ton augmentation est partiellement dĂ©terminĂ©e par ton salaire de base. Une augmentation de 1 $/h peut ĂȘtre intĂ©ressante lorsqu’on est Ă  16 $/h, mais peut ĂȘtre insultante lorsqu’on est Ă  30 $/h. Augmenter ton salaire de base maintenant va augmenter le montant de tes futures augmentations en consĂ©quence.

Non seulement ça, mais si jamais tu perds ton emploi, le chĂŽmage et les primes de dĂ©part vont se baser sur ton salaire et non sur ton revenu net. Le mĂȘme principe s’applique si tu veux emprunter de l’argent Ă  une banque; le montant admissible est calculĂ© Ă  partir de ton revenu mensuel.

Une augmentation d’un dollar de l’heure te donne 2 080 $ de plus cette annĂ©e, l’annĂ©e d’aprĂšs et toutes les annĂ©es qui vont suivre. Ce montant devient non nĂ©gociable puisqu’il fait maintenant partie de ta compensation de base.

Comparons les deux options
 ScĂ©nario #1, on augmente ton salaire de 1 $/h chaque annĂ©e. ScĂ©nario #2, on t’offre un bonus de 4 000 $ chaque annĂ©e.
 


Si tu choisis l’augmentation de salaire, ça va te prendre seulement trois ans pour faire en sorte que ton nouveau salaire de base soit supĂ©rieur Ă  ton ancien salaire + un bonus annuel!

Non seulement ça, mais c’est trĂšs rare dans la vie qu’on baisse de salaire. Lorsque quelqu’un tente de nous recruter ou qu’on nĂ©gocie un poste au sein d’une autre entreprise, on va toujours avoir un taux horaire supĂ©rieur Ă  ce qu’on avait dĂ©jĂ  (au moins 10 % de plus).

Ça veut dire que dans le scĂ©nario #1, si la personne veut se nĂ©gocier un emploi ailleurs, son prix plancher est Ă  19 $ de l’heure alors qu’il est Ă  16 $ dans l’autre cas.

Je vais changer de scénario un instant.

Disons que tu reçois une seule augmentation ponctuelle de 2,40 $/h (5 000 $ par annĂ©e). Savais-tu que, bien investi, ce montant va s’accumuler pour gĂ©nĂ©rer environ 1,3M$ sur une pĂ©riode de 40 ans (calcul basĂ© sur un fonds d’index du S&P 500)?

Tu as bien lu
 Une seule conversation difficile est tout ce qu’il te manque pour ĂȘtre capable de faire les voyages que tu veux, payer tes dettes et gĂąter tes proches. Tout ça, sans avoir Ă  travailler plus longtemps ou plus fort.

Ceci Ă©tant dit, si tu ne manifestes pas ton intĂ©rĂȘt pour une augmentation de salaire ou que tu ne nĂ©gocies pas un salaire de base plus Ă©levĂ© dĂšs le dĂ©part, jamais ton patron ne te paiera ce que tu mĂ©rites.

Penses-y un instant
 Serais-tu prĂȘt Ă  payer 110 $ pour quelque chose avec un prix de vente de 100 $? Non! Ce serait fou. Alors pourquoi ton patron voudrait-il te donner plus que ce que tu demandes?
Selon un rĂ©cent sondage, seulement 31 % des gens nĂ©gocient systĂ©matiquement leur salaire — 1 personne sur 3! Encore pire, 20 % des gens ne nĂ©gocient JAMAIS leur salaire!

On a tous de la difficultĂ© Ă  nĂ©gocier. C’est normal, l’expĂ©rience est trĂšs inconfortable. C’est pourquoi je vais dĂ©dier le reste de ce chapitre aux techniques de nĂ©gociation les plus importantes Ă  connaĂźtre pour augmenter son salaire. Que ce soit lors de l’embauche ou encore d’une rĂ©vision annuelle.

Peu importe ton opinion sur le sujet, c’est important de comprendre que la nĂ©gociation n’est pas une option. Si tu ne nĂ©gocies pas, les gens vont prendre avantage de toi, c’est aussi simple que ça.

Les 8 stratégies de négociation pour augmenter son salaire.

Les préliminaires

Est-ce que tu penses que ton boss sait que tu aimerais avoir une augmentation? Qu’il possĂšde une paire d’antennes magiques qui lit dans tes pensĂ©es? Si oui, va lire “Le Secret” de Rhonda Byrne, pratique la pensĂ©e magique et on n’en parle plus!

S’attendre Ă  ce qu’il devine tes attentes est une notion tout simplement ridicule. L’étape #1 est donc de laisser savoir Ă  ton patron que tu aimerais avoir de l’avancement.

La plupart des gens font l’erreur de penser qu’on ne peut nĂ©gocier son salaire qu’une seule fois par annĂ©e. Cette notion est tout simplement ridicule! Va voir ton patron, fais-lui savoir que tu veux ĂȘtre augmentĂ© et demande-lui exactement quelles sont les mĂ©triques de performance que tu dois atteindre pour ĂȘtre Ă©ligible Ă  une augmentation. Demande-lui de t’envoyer une copie des informations par courriel, garde toujours une trace Ă©crite de ce genre d’échange.

Une fois que tu vas avoir atteint, voire mĂȘme dĂ©passĂ© ces mĂ©triques, tu vas avoir une tonne de poids dans le processus de nĂ©gociation! La question ne va pas ĂȘtre “Est-ce qu’on te donne une augmentation?”, mais bien “De combien est-ce qu’on t’augmente?”

Négocier demande planification et préparation.

Tu dois faire tes recherches, trouver les figures acceptables Ă  demander et prĂ©parer les leviers que tu pourras utiliser dans la discussion. IdĂ©alement, tu veux mĂȘme te pratiquer quelques fois avec un ami avant! 80 % du travail d’une nĂ©gociation a lieu avant mĂȘme d’avoir dit bonjour Ă  l’autre personne.

La guerre psychologique

Imagine que tu participes Ă  une expĂ©rience avec un inconnu. On te donne 100 $, mais tu dois absolument en offrir une partie Ă  l’autre personne. Si l’autre personne accepte ton offre, vous gardez tous les deux l’argent. Si elle refuse, vous repartez les mains vides. La seule rĂšgle de cette expĂ©rience est que tu ne peux faire qu’une seule offre.

Alors, combien offres-tu?

Selon les rĂ©sultats de l’étude, tu donnerais autour de 37 $. Si tu offres moins de 30 $, l’autre personne va probablement refuser.

Quand on y pense, c’est ridicule! Une personne rationnelle donnerait 50 $ et garderait 50 $. Mais ce n’est pas ce qui se passe
 Pourquoi?

Semblerait-il que la personne qui n’a pas l’argent en sa possession juge qu’elle possĂšde moins de poids dans la nĂ©gociation que l’autre personne. Pourtant, les deux personnes ont exactement le mĂȘme levier!
En nĂ©gociation, la personne qui possĂšde le plus d’options gagne toujours. Et dans notre scĂ©nario, la personne qui possĂšde l’argent peut choisir entre 99 options (de 1 Ă  99 $) alors que l’autre n’a que deux choix (oui/non).

C’est le mĂȘme principe lorsque tu nĂ©gocies ton salaire. On a l’impression que l’autre personne a tout le pouvoir parce que c’est elle qui est assise sur le pot d’or. Sa position semble lui donner un avantage, mais ce n’est qu’une question d’options.

Pour ĂȘtre capable de pallier ce dĂ©savantage psychologique, c’est absolument crucial de dĂ©velopper des leviers Ă  utiliser lors de la nĂ©gociation.

Ça veut dire:

  • Avoir d’autres offres d’emploi.
  • Avoir dĂ©passĂ© les mĂ©triques convenues pour justifier une augmentation.
  • Être une source de prospects et/ou de visibilitĂ© pour ton entreprise.

Je veux ĂȘtre clair: si tu vas voir ton employeur parce que quelqu’un d’autre t’a offert 1 000 $ de plus sur ton salaire annuel, attends-toi Ă  te faire virer de bord. Pour un (bon) employeur, ta loyautĂ© envers son entreprise lui est excessivement prĂ©cieuse. Si tu ne lui montres pas que tu es dĂ©vouĂ© Ă  la mission de l’entreprise, alors il ne voudra pas “investir” en toi.

Ceci Ă©tant dit, si l’employeur sait que c’est facile pour toi de te trouver un autre poste aussi bien rĂ©munĂ©rĂ©, ça change la donne dans la nĂ©gociation.

Le meilleur moment pour faire de la recherche d’emploi est lorsque tu as dĂ©jĂ  un emploi. N’aie pas peur de faire une entrevue ici et lĂ . En plus de te pratiquer, ça va te donner une bonne idĂ©e du salaire que tu vaux ailleurs. Ensuite, lorsque tu vas nĂ©gocier ton salaire, tu vas pouvoir dire: “J’adore notre entreprise. Je m’entends super bien avec l’équipe et c’est comme une famille pour moi. Mais je dois ĂȘtre honnĂȘte, ça fait plusieurs fois que je me fais approcher cette annĂ©e pour un poste ailleurs et les compensations sont vraiment intĂ©ressantes. J’aimerais qu’on trouve une façon pour que je puisse continuer Ă  servir la compagnie tout en ayant une compensation qui reprĂ©sente adĂ©quatement ma contribution.”

C’est important de mettre l’emphase sur ta loyautĂ© envers l’entreprise. Tu es prĂȘt Ă  accepter un salaire plus bas pour rester avec eux. C’est comme si tu leur faisais une faveur en restant parce que tu es tellement bien avec eux. Si c’est la vibe que tu donnes, alors ils vont ĂȘtre contents de pouvoir t’accommoder et de t’avoir parmi leurs employĂ©s.

Si tu as dĂ©veloppĂ© une audience, que tu es reconnu dans ton industrie et que ta prĂ©sence au sein de leur entreprise leur gĂ©nĂšre de nouveaux clients, alors ce cadre est encore plus efficace. AprĂšs tout, c’est vrai qu’ils sont chanceux de t’avoir!

Je veux un million de dollars!!!

Que ce soit pour une entrevue d’embauche ou une rĂ©vision salariale, la premiĂšre personne qui parle d’argent a toujours l’air Ă©goĂŻste. Alors, ferme ta gueule et attends que l’autre se mouille en premier.
“Combien tu veux?”

Ha ha! C’est lĂ  que l’action commence. Tu vas sans doute ĂȘtre extrĂȘmement mal Ă  l’aise et c’est tout Ă  fait normal. C’est l’effet attendu d’une question comme ça.

La plupart des spĂ©cialistes du milieu vont dire que c’est prĂ©fĂ©rable d’éviter de rĂ©pondre directement et de forcer l’autre Ă  nommer un chiffre en premier. L’argument derriĂšre cette logique est simple: l’offre peut ĂȘtre beaucoup plus Ă©levĂ©e que ce que tu t’attends Ă  recevoir.

Ceci étant dit, refuser de nommer un chiffre en premier peut faire dérailler la négociation en conflit, ce qui est loin de jouer en ta faveur.

L’alternative est d’ĂȘtre le premier Ă  donner un chiffre et de crĂ©er une ancre qui va influencer le reste de la nĂ©gociation. Le problĂšme avec cette stratĂ©gie est que si tu te trompes sur l’étendue possible du salaire pour la position et que tu places ton ancre trop bas, alors tu pars avec un net dĂ©savantage.

Je vais donc proposer une alternative qui combine ces deux approches pour avoir le meilleur des deux mondes.

Voici une expĂ©rience menĂ©e par des chercheurs Ă  l’universitĂ© d’Idaho.

John applique sur un poste d’assistant administratif et a listĂ© son salaire prĂ©cĂ©dent Ă  29 k$ (ce qui est une erreur, ne jamais divulguer son salaire prĂ©cĂ©dent lors du processus d’embauche). Lorsqu’on lui demande combien il veut pour le nouvel emploi, soit il laisse l’autre personne faire une offre en premier, soit il dit (Ă  la blague) “Eh bien, ça serait le fun d’avoir un million de dollars! Mais en fait, j’aimerais juste avoir un salaire qui est juste.”

Lorsque John refusait de nommer un chiffre, l’offre moyenne Ă©tait de 32 500 $. En revanche, lorsqu’il faisait une blague, l’offre moyenne Ă©tait de 36 200 $, soit une augmentation de 11 %!

Il semblerait que de nommer un chiffre, mĂȘme s’il n’est pas pertinent, va laisser une ancre qui influence le reste de la nĂ©gociation.

AprĂšs avoir fait une blague comme ça, tu risques tout de mĂȘme de te faire mettre de la pression pour donner un chiffre. Tu peux donc en profiter pour mentionner l’étendue moyenne des salaires pour ton poste. Ces statistiques sont faciles Ă  trouver sur des sites comme Paysa et Glassdoor (voir paysa.com/salaries-list/company et glassdoor.com).

“Eh bien, selon les statistiques, la moyenne du marchĂ© est entre 31 et 45 k$ par annĂ©e. Avec le travail que j’ai accompli cette annĂ©e sur le projet A et les rĂ©sultats que j’ai obtenus en regard Ă  la mĂ©trique X et Y dont on avait discutĂ© plus tĂŽt cette annĂ©e, je pense que je me situe dans les Ă©chelons supĂ©rieurs de cette Ă©chelle”.

Dans cet exemple, deux Ă©lĂ©ments sont importants. PremiĂšrement, nommer une Ă©tendue dĂ©montre que tu es flexible et que tu nĂ©gocies de bonne foi. Ensuite, expliquer oĂč tu te perçois sur cette Ă©chelle et pourquoi. As-tu mis sur pied un projet intĂ©ressant pour l’entreprise, leur faisant sauver des coĂ»ts considĂ©rables? As-tu optimisĂ© tes processus de façon Ă  doubler ou tripler ta productivitĂ©? As-tu engendrĂ© des revenus additionnels pour l’entreprise d’une façon directe ou indirecte?

Pour reprendre les principes vus dans le chapitre sur la persuasion, si tu es capable d’amener ton supĂ©rieur Ă  verbaliser tes bons coups, alors ça va te permettre de reprendre ses propres mots pour appuyer pourquoi tu mĂ©rites d’ĂȘtre dans les Ă©chelons supĂ©rieurs de l’étendue que tu proposes.

S’il s’agit d’une augmentation de salaire et non d’une entrevue d’embauche, alors dis-toi qu’une excellente augmentation se situe entre 5 et 10 % de ton salaire annuel. Si tu es Ă  16 $ l’heure, 10% reprĂ©sente 1,60 $ de plus.

Voici quelques chiffres pour t’aider Ă  te repĂ©rer:

Si tu nĂ©gocies pour un nouvel emploi, alors c’est important de garder ton ancien salaire confidentiel. Les employeurs vont te mettre beaucoup de pression pour que tu divulgues cette information. Mais dĂšs que tu donnes un chiffre, tu t’enfermes dans une boĂźte excessivement difficile Ă  percer.

Ceci Ă©tant dit, les employeurs peuvent contacter tes rĂ©fĂ©rences pour leur demander ton salaire, il faut donc s’attendre Ă  ce qu’ils aient Ă©ventuellement accĂšs Ă  cette information, d’oĂč l’importance de toujours choisir une augmentation Ă  la place d’un bonus.

Je trouve que cette pratique est injuste parce qu’elle dĂ©savantage les gens qui ont Ă©tĂ© malchanceux dans les compensations offertes par leur premier emploi. Pourquoi devrais-tu ĂȘtre payĂ© en fonction de ce que tu as fait par le passĂ©? Lorsqu’on te demande combien tu gagnes, rĂ©pond poliment quelque chose comme: “Je serais ravi de vous aider Ă  Ă©valuer ma valeur au sein de votre entreprise en vous dĂ©montrant ce que je suis capable de faire, mais mon salaire, tout comme celui de vos employĂ©s, est confidentiel.”

Si tu as envoyĂ© ton CV en ligne et que tu appliques pour ĂȘtre un engrenage remplaçable dans une grosse machine, j’aime mieux t’avertir tout de suite, ce genre de rĂ©ponse peut te disqualifier. Mais, si tu as un profil intĂ©ressant et qu’on t’a proposĂ© l’entrevue de façon informelle sur les mĂ©dias sociaux ou par courriel, les rĂšgles sont diffĂ©rentes.

La technique du grincheux.

Peu importe l’offre qu’on te propose, c’est important de toujours avoir l’air mĂ©content. Et pas juste ça, mais tu dois systĂ©matiquement refuser la premiĂšre offre, et ce, mĂȘme si tu as envie de l’accepter. Si tu ne le fais pas, tout le monde perd...

Penses-y! Disons que tu essaies de vendre ta voiture et que tu demandes 15 000 $. Si quelqu’un se prĂ©sente et te l’achĂšte sans nĂ©gocier, est-ce que tu te sens bien? Non! Tu vas te dire “Wow, c’était facile
 Et si j’avais demandĂ© plus?” L’acheteur lui? Il va trouver un petit quelque chose qui l’énerve sur la voiture et regretter de ne pas t’avoir demandĂ© une rĂ©duction.

Pour la santé mentale des deux parties, la négociation est nécessaire.

On va reprendre notre exemple Ă  16 $ de l’heure. Une augmentation normale (1 % + le coĂ»t de la vie, donc 3 %) serait de 50 cents. On veut beaucoup plus que ça!

Admettons que tu as Ă©tĂ© un trĂšs bon employĂ© durant les derniers six mois et que tu viens tout juste de terminer un projet qui a Ă©tĂ© trĂšs bon pour l’entreprise, tu profites du timing pour demander une augmentation. Tu mentionnes que les gens sont payĂ©s entre 31 et 45 k$ pour un emploi comme le tien et qu’avec les rĂ©sultats que tu as Ă©tĂ© capable de gĂ©nĂ©rer, tu mĂ©rites clairement d’ĂȘtre plus haut sur cette Ă©chelle.

Lorsque tu vas donner ton range, ton employeur va faire le grincheux: “je comprends que tu es une personne compĂ©tente, mais l’économie Ă©tant ce qu’elle est, je ne pense pas pouvoir t’offrir plus que 16,75 $ pour ton travail.”

0,75 $ l’heure reprĂ©sente 34 840 $/an, soit une augmentation de ~ 5 %, ce qui est trĂšs bon! À ce stade, c’est tentant d’accepter, mais on doit se retenir et utiliser la technique de la fourchette.

Ton patron vient de dĂ©finir la fourchette infĂ©rieure (16,75 $), Ă  toi maintenant de dĂ©finir la fourchette supĂ©rieure. Puisqu’on a tendance Ă  couper la poire en deux et finir dans le milieu, tu dois doubler l’écart entre le montant que tu veux rĂ©ellement et le montant qu’il vient de t’offrir.

C’est extrĂȘmement difficile Ă  faire puisqu’on n’est pas complĂštement confortable avec le montant qu’on demande. Mais c’est important de prendre son courage Ă  deux mains et de se lancer quand mĂȘme. AprĂšs tout, ça se peut qu’il te dise oui!

Disons que tu veux 17,50 $, tu pourrais lui dire quelque chose comme:

“Je dois avouer ĂȘtre surpris! Je suis d’accord que l’économie ne va pas trĂšs bien pour notre secteur, mais avec le projet X que j’ai complĂ©tĂ©, je pensais plutĂŽt Ă  un chiffre autour de 18,25 $.”

Encore une fois, ton patron va faire son grincheux et dire “Impossible, ce n’est pas dans le budget et ça ne passera jamais au conseil. Écoute, le mieux que je peux t’offrir est 17,50 $/l’heure.”

S’il refuse catĂ©goriquement d’augmenter en haut de 16,75 $, alors tu peux rĂ©pondre avec la question qui tue: “ConsidĂ©rant ma contribution Ă  l’entreprise, est-ce que c’est vraiment la meilleure offre que tu es capable de me faire?”

Ensuite, ferme ta geule et attend.

Toujours considérer les autres formes de compensations.

Une fois que tu as terminé de négocier ton salaire, prends le temps de discuter les autres formes de compensations.

Bien souvent, le budget de l’entreprise pour un salaire donnĂ© est fixĂ© selon un montant annuel. L’employeur a bien beau vouloir t’accommoder, mais ça va ĂȘtre trĂšs difficile pour lui de t’augmenter dĂ©passĂ© un certain montant. C’est donc plus simple de regarder les autres formes de compensations.
Commence par demander des compensations qui se basent sur un pourcentage de ton salaire comme une semaine de plus de vacances (2 % annuel) ou la possibilitĂ© de terminer 30 minutes d’avance le vendredi (1,26 % annuel).

Comme ça, si tu changes un jour d’employeur, il devra te donner exactement les mĂȘmes avantages ou augmenter le salaire en consĂ©quence pour que l’offre soit Ă©quivalente!

Tu peux Ă©galement demander Ă  ce que l’entreprise investisse dans l’équipement de travail.

Tu veux ĂȘtre bien Ă  ton travail, mais ta chaise rend ça difficile de travailler de longues heures assis. Ton ordinateur est lent et nuit Ă  ta productivitĂ©. Tu serais beaucoup plus performant avec un 2e Ă©cran. Ce n’est qu’environ 200 $, une goutte d’eau dans le budget de maintenance de l’équipement! PrĂ©sente ça en disant qu’en plus de t’aider Ă  ĂȘtre un meilleur employĂ©, ça va vraiment te donner l’impression que l’entreprise prend soin de toi et qu’elle apprĂ©cie ta contribution.

À la toute fin, tu peux commencer Ă  demander des choses qui ne coĂ»tent absolument rien. Tu pourrais demander une journĂ©e par semaine Ă  la maison. Comme ça, tu serais beaucoup plus productif puisque tu ne te ferais pas dĂ©ranger par tes collĂšgues de travail et ta journĂ©e ne serait pas coupĂ©e en 10 par des rĂ©unions, appels et autres distractions.

Et finalement, tu peux demander de refaire une Ă©valuation salariale dans six mois au lieu d’attendre le cycle normal d’un an. PrĂ©sente ça ainsi: “Je comprends que l’économie ne va pas trĂšs bien et que le budget est serrĂ© prĂ©sentement. Si je fais un travail exemplaire et que je dĂ©passe les attentes en lien avec mon poste, seriez-vous d’accord pour qu'on rĂ©Ă©value ma compensation dans six mois?”

Deux augmentations de 5 % aux 6 mois (toujours sur un salaire de 16 $/h) vont te donner 832 $ de plus dans l’annĂ©e qu’une seule augmentation de 10 % en fin d’annĂ©e. Si tu fais ça chaque annĂ©e, ça devient vite trĂšs avantageux!

Ne jamais ĂȘtre le preneur de dĂ©cision finale.

“J’aimerais vraiment ça te donner plus, mais ça ne passera jamais au conseil!”

On te l’a dĂ©jĂ  fait celle-lĂ ? Moi, des millions de fois!

Sache qu’il s’agit d’une stratĂ©gie
 Dans “Secrets of Power Negotiating”, Roger Dawson appelle ça “la manoeuvre de l’autoritĂ© supĂ©rieure”.

Le principe est simple: on fait croire Ă  la personne qu’on est de son cĂŽtĂ© en lui expliquant qu’un mĂ©chant comitĂ© (ou une entitĂ© trĂšs vague) est responsable de prendre la dĂ©cision finale. Ça permet d’ĂȘtre d’accord avec la personne, tout en lui disant non.

“Je sais! Tu mĂ©rites d’avoir une augmentation, mais le conseil a Ă©tĂ© trĂšs clair. Le budget est ultra-serrĂ©! Écoute, je ne te promets rien
 Je vais aller les voir et faire de mon possible, mais le timing n’est vraiment pas bon en ce moment.”

Deux semaines plus tard, lorsque tu demandes Ă  avoir des nouvelles, il va te rĂ©pondre qu’il attend toujours “le bon timing” ou qu’ils ont simplement refusĂ©.

Tu veux savoir ce qui se passe rĂ©ellement? Ce comitĂ© n’existe pas. Ou s’il existe, alors il n’est pas responsable des augmentations du personnel. Un conseil administratif approuve habituellement les budgets allouĂ©s aux diffĂ©rents dĂ©partements, mais les augmentations du personnel? C’est trĂšs douteux.

Et si le conseil doit rĂ©ellement approuver ce genre de dĂ©penses, voici ce que tu dois faire. Flatte l’égo de la personne en disant quelque chose comme: “Tu es une personne trĂšs influente au sein de l’entreprise, je suis convaincu que le conseil doit suivre tes recommandations.” Si la personne se vante que oui, alors enchaĂźne avec une demande: “Est-ce que je peux compter sur toi pour leur recommander d’accepter?”
Avoir recours Ă  une autoritĂ© supĂ©rieure peut ĂȘtre utilisĂ© pour forcer la personne Ă  nĂ©gocier contre elle-mĂȘme. Une phrase du type: “C’est beaucoup trop, ça ne passera jamais au conseil!” te force Ă  enchaĂźner avec une nouvelle contre-offre. Il faut faire extrĂȘmement attention pour ne pas tomber dans ce piĂšge. Ne nĂ©gocie JAMAIS contre toi-mĂȘme. Une fois que tu as fait une offre, c’est Ă  l’autre personne de faire la sienne. Ça ne passera jamais au conseil? Pourquoi? Qu’est-ce qui est une figure acceptable? Quels compromis crois-tu qu’ils seraient prĂȘts Ă  faire?

Comment utiliser l’autoritĂ© supĂ©rieure

Cette stratĂ©gie est probablement l’arme la plus efficace de tous bons nĂ©gociateurs. Et sais-tu quoi? Toi aussi tu peux l’utiliser.
Lorsque l’autre personne te fait une offre finale, ne l’accepte jamais immĂ©diatement.

Ça se peut qu’on te mette de la pression pour que tu acceptes tout de suite. C’est une tactique, rares sont les choses qui ne peuvent pas attendre 48 h.

RĂ©ponds tout simplement: “C’est moins que ce que je pensais. Laisse-moi en parler Ă  la maison et je te reviens.”

Tu habites seul? On s’en fout, ce n’est pas de leurs affaires.

Lorsque tu es prĂȘt Ă  reprendre les nĂ©gociations, tu peux soit accepter l’offre, lancer un dernier “Est-ce rĂ©ellement la meilleure offre que vous pouvez me faire?” et accepter peu importe ce qu’ils te donnent ou prolonger les nĂ©gociations pour tenter d’avoir une ou deux derniĂšres concessions.

Le mindset Ă  garder pour “gagner” ses Ă©changes

NĂ©gocier peut ĂȘtre un processus extrĂȘmement inconfortable. Personnellement, ça m’aide de voir tout ça comme un jeu, ça crĂ©e la distance Ă©motionnelle nĂ©cessaire pour m’aider Ă  garder mon sang-froid. Peu importe ton attitude envers la nĂ©gociation, sache que c’est hyper important de rester poli et respectueux tout au long de l’échange.

Il faut mettre l’emphase sur ta contribution envers l’entreprise ainsi que ton enthousiasme et ta reconnaissance envers l’opportunitĂ©.

La nĂ©gociation n’est pas un combat, c’est une danse; ce n’est pas un sprint, mais un marathon.
Tu travailles (ou va travailler) avec la personne de l’autre cĂŽtĂ© de la table. La derniĂšre chose que tu veux est de rendre les choses plus difficiles pour la prochaine nĂ©gociation.

La rĂšgle d’or est donc de toujours faire sentir Ă  l’autre personne qu’elle a gagnĂ© la nĂ©gociation.

Tu peux te dire Ă  toi mĂȘme “Oh my god, j’ai eu trois fois plus que ce que je voulais!”, mais ferme-la.
FĂ©licite l’autre personne, complimente ses talents de nĂ©gociateur. Tu peux mĂȘme aller jusqu’à dire que, mĂȘme si tu n’as pas eu ce que tu voulais, tu en as tellement appris sur la nĂ©gociation que ça en aura valu amplement la peine.

La vraie victoire d’une nĂ©gociation est lorsque tu as eu tout ce que tu voulais et que l’autre personne a quand mĂȘme l’impression d’avoir gagnĂ©.

Derniers mots

Dans ce chapitre, j’explique grosso modo que, pour avoir assez d’argent pour rĂ©gler tous nos problĂšmes, il ne suffit que d’augmenter son salaire de 10 % par annĂ©e.

J’ai un certain malaise avec cette affirmation parce que j’y vois deux objections.

La premiĂšre, et la plus simple Ă  rĂ©futer, est que ce n’est pas assez gros pour faire une diffĂ©rence! Pourquoi est-ce que je me casserais le cul Ă  travailler deux fois plus fort que tout le monde si ce n’est que pour gagner 10 % de plus.

Les gens veulent manger leur guimauve tout de suite.

Mais voici Ă  quoi ressemble une carriĂšre de 40 ans lorsqu’on dĂ©bute Ă  16 $/h et qu’on rĂ©ussit Ă  ĂȘtre augmentĂ© de 10 % par annĂ©e.


Holy shit! On finit sa carriĂšre avec un salaire de prĂšs de 1,4M! Sous cet angle, 10 % par annĂ©e, c’est vachement bon! À la fin des 40 ans, on va avoir gĂ©nĂ©rĂ© prĂšs de 15 M$. Si on investit ces ressources de façon relativement intelligente, notre fortune devrait s’élever Ă  plus du double.

On devine donc que l’autre place oĂč ça accroche, c’est qu’en reconnaissant Ă  quel point 10 % est une grosse augmentation, on va dire: “Ben lĂ , 10 % par annĂ©e, c’est beaucoup trop. Je ne pense pas que ce soit rĂ©aliste qu’on puisse s’attendre Ă  avoir autant chaque annĂ©e. Et puis, ça devient sans doute plus compliquĂ© ĂȘtre augmentĂ© de 10 % quand on gagne 500 000 $!”.

Et je suis complĂštement d’accord
 C’est impossible que tu termines ta carriĂšre de rĂ©ceptionniste Ă  gagner des millions.

Être augmentĂ© de 10 % annuellement est impossible lorsque tu fais la mĂȘme job que les autres. Mais de tout ce livre, je ne t’ai jamais dit de faire ça.

Tu te rappelles de la partie 1? La raison pour laquelle tu veux ĂȘtre plus efficace (en suivant les instructions de la partie 2) est de pouvoir gagner du temps pour l’investir dans ton aire d’impact — lĂ  oĂč tu gĂ©nĂšres le plus de valeur possible.

En rĂ©alisant des projets de plus en plus importants tout en bĂątissant ta rĂ©putation, tu vas ĂȘtre amenĂ© Ă  redĂ©finir ton rĂŽle au sein de ton organisation, voire mĂȘme Ă  changer d’employeur plusieurs fois! C’est justement lorsque tu fais ces “sauts” d’une Ă©chelle corporative Ă  l’autre que tu vas voir ton salaire faire des bonds de 10-50 % d’un coup.

Le “saut latĂ©ral d’échelle” est un phĂ©nomĂšne que Shane Snow explique en dĂ©tail dans son bestseller “Smart Cuts”.

L’idĂ©e est de toujours utiliser sa position actuelle comme levier pour ĂȘtre capable de rapidement atteindre un poste qui, en thĂ©orie, prendrait des dĂ©cennies de travail Ă  atteindre.

On peut penser aux athlĂštes qui se lancent dans les vĂȘtements, aux musiciens qui deviennent acteurs ou mĂȘme aux entrepreneurs qui deviennent politiciens!

De tous les prĂ©sidents amĂ©ricains jusqu’à maintenant, seulement trois prĂ©sidents ont atteint leur poste en grimpant chaque Ă©chelon: Richard Nixon, Andrew Johnson et John Tyler. Plus de la moitiĂ© des prĂ©sidents n’ont mĂȘme jamais fait partie du congrĂšs.

Au moment oĂč j’écris ce chapitre, Donald Trump vient de remporter l’élection la plus controversĂ©e de l’histoire des États-Unis — un homme qui n’a absolument aucune expĂ©rience en politique est maintenant le politicien le plus influent du monde. Qu’on pense ce qu’on veut de l’homme, sa carriĂšre est un trĂšs bon exemple des smartcuts!

Le mĂȘme principe s’applique Ă  ta carriĂšre. Oui, passer de 33 k$ Ă  200 k$ en 20 ans est impressionnant — la plupart des gens ne terminent mĂȘme pas leur carriĂšre Ă  200 k$! Mais en mĂȘme temps, on connaĂźt tous des gens qui ont rĂ©ussi ce saut en beaucoup moins que 20 ans. Augmenter ses revenus de 10 % par annĂ©e est dĂ©finitivement possible.

Ceux qui rĂ©ussissent Ă  en faire autant le font en sautant agressivement d’une Ă©chelle Ă  l’autre. Ils sont hantĂ©s par la question “Comment est-ce que je pourrais gĂ©nĂ©rer plus de valeur?” Si je n’avais aucune contrainte (de temps ou financiĂšre), qu’est-ce que je ferais pour maximiser ma contribution? Comment est-ce que je peux accomplir mon plan de 10 ans en 6 mois?”

Ce sont des gens qui comprennent que le temps est l’atout numĂ©ro 1 et donc qu’ils doivent faire extrĂȘmement attention Ă  la façon dont ils investissent cette ressource. Ils ne s’intĂ©ressent pas Ă  leur dĂ©finition de tĂąches, mais aux besoins de l’entreprise. Ils ne veulent pas seulement une promotion pour eux-mĂȘmes, mais pour l’entreprise.

Je me souviens d’une discussion avec David GrĂ©goire alors qu’on Ă©taient tous les deux chez Voyages Ă  Rabais. On Ă©taient dans son bureau Ă  rĂ©flĂ©chir: comment augmenter les profits de l’entreprise d’un million. Il voulait une autre augmentation.

Les gens qui rĂ©ussissent agissent et rĂ©flĂ©chissent comme des entrepreneurs — mĂȘme si ce sont des employĂ©s.

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