Comment mieux travailler en changeant ses habitudes?

Ceci est un extrait du livre Double Ta Valeur.

How you do anything is how you do everything...

La premiĂšre fois que j’ai entendu la phrase, je dois avouer que j’étais un peu perplexe. Je me suis dit: “tiens, un autre plouc analphabĂšte qui essaie de se rendre intĂ©ressant en publiant des aphorismes Ă©sotĂ©riques sur sa page Facebook.”

How you do anything is how you do everything se traduit en bon français par “tu fais tout de la mĂȘme façon que tu fais n’importe quoi”. Je crois qu’on peut s’entendre pour dire que ça sonne bizarre, alors on va garder ça en anglais pour le reste du chapitre.

De retour devant mon ordinateur Ă  procrastiner en dĂ©filant mon fil d’actualitĂ© Facebook, je relis la citation plusieurs fois dans l’espoir d’ĂȘtre frappĂ© d’une profonde Ă©piphanie... J’essaie vraiment fort, mais rien ne vient. Je dĂ©file encore. Tiens, un vidĂ©o de chat! *J’aime*

Ça m’aura pris un an, une relation de couple et 5 000 $ pour que cette Ă©piphanie m’atteigne enfin.

Un Ă©tranger face Ă  soi-mĂȘme

Rares sont les gens qui disent “à l’instant mĂȘme, ma vie est parfaite et je veux que rien ne change”. On a tous une idĂ©e, un idĂ©al, de ce qu’on aimerait devenir comme personne ou du style de vie qu’on souhaiterait atteindre. Qu’il s’agisse de perdre un peu de poids, d’arrĂȘter de fumer, de lire un livre, d’acheter une maison, de quitter son emploi ou mĂȘme de gagner Ă  la loterie

On a tous une image, une vision de ce Ă  quoi la vie parfaite pourrait ressembler. Si tu lis ce livre, alors probablement que ta vision du futur inclut un bureau vitrĂ© en coin, un salaire dans les six chiffres et une Tesla S (il faut bien sauver la planĂšte!). Peut-ĂȘtre que je me trompe aussi, mais lĂ  n’est pas la question. Le “toi futur” que tu imagines est une version 2.0 de toi. Une formule amĂ©liorĂ©e et complĂštement redessinĂ©e.
C’est tout Ă  fait normal, on appelle ça “ĂȘtre optimiste”. Le problĂšme, c’est que lorsque tu imagines cette version de toi-mĂȘme, tu ne crois pas “vraiment” qu’il s’agit de toi. Du moins, c’est ce qu’a dĂ©couvert Hal Hershfield, un sociopsychologue de l'UniversitĂ© de Californie Ă  Los-Angeles (UCLA), alors qu’il mesurait les ondes cĂ©rĂ©brales des gens aprĂšs leur avoir demandĂ© de s’imaginer dans 10 ans. Selon ses recherches, on pense Ă  notre “futur moi” de la mĂȘme façon que l’on pense Ă  un Ă©tranger.

RĂ©sultat? Notre “moi prĂ©sent” ne fait absolument rien pour n’avoir ne serait-ce qu’une infime chance de ressembler Ă  notre vision ambitieuse du boss qu’on fantasme si ardemment devenir. On s’imagine qu’on va magiquement se transformer en dieu soleil tout en se disculpant de tout effort en trouvant des barriĂšres hors de notre contrĂŽle nous empĂȘchant d’ĂȘtre cette personne dans l’immĂ©diat.

En d’autres mots, tu pourrais bien gagner 300 000 $ par an, mais ton boss est tellement Ă©pais que ça ne risque pas d’arriver de sitĂŽt! Puisque ce n’est pas de ton ressort, alors tu n’as pas vraiment Ă  de te sentir mal si tu n’agis pas tout de suite. Et puisqu’on pense Ă  notre futur nous comme Ă©tant un bad-ass parfait, c’est certain que LUI va ĂȘtre capable de trouver la solution!

Et pas besoin de se projeter 10 ans dans le futur pour constater les effets ravageurs de ce phĂ©nomĂšne. On se dit tous des trucs comme “cet Ă©tĂ© j’aurai moins de travail, je pourrai me remettre en forme”, “aprĂšs ce dernier projet, je vais me concentrer plus sur ma famille”, “on est dans le rush de NoĂ«l, mais aprĂšs je vais avoir le temps de lire”. La formule va comme suit: “aprĂšs X contraintes, je pourrai atteindre Y rĂ©sultats”.
Le pire dans tout ça, c’est qu’on est toujours complĂštement sincĂšre. On se ment Ă©hontĂ©ment et on aime ça. La promesse de changement est l’illusion qui nous enchaĂźne Ă  la version prĂ©sente de nous-mĂȘmes. Pour se rendre compte qu’il s’agit d’un paquet de conneries, ça prend une conscience de soi lĂ©gendaire. D’oĂč l’importance de partager ce livre Ă  un ami et d’avoir un complice de dĂ©veloppement personnel qui va avoir l’honnĂȘtetĂ© de te dire “si tu ne t’inscris pas au gym aujourd’hui, tu ne le feras probablement pas dans 6 mois, alors aussi bien arrĂȘter d’y penser et accepter que tu es une grosse merde fainĂ©ante”.
Des amis comme ça, ça vaut de l’or!

Un cerveau sur l’autopilote

Je devrais probablement consulter un psy puisque j’ai la fĂącheuse tendance Ă  vouloir “aider” tout le monde, plus particuliĂšrement mes proches. C’est sĂ»rement ce qui explique mon intĂ©rĂȘt envers l’éducation et pourquoi je blogue et crĂ©e autant de contenu. Bref. J’avais une petite copine qui, Ă  l’époque, travaillait dans un centre d’appel pour un salaire pas trĂšs impressionnant.

Elle suivait beaucoup d’entrepreneurs sur le web et rĂȘvait d’avoir une chaĂźne YouTube prolifique lui permettant de devenir riche et cĂ©lĂšbre. Malheureusement, elle gagnait Ă  peine assez d’argent pour s’acheter l’équipement nĂ©cessaire et ses cartes de crĂ©dit Ă©taient dĂ©jĂ  en train de dĂ©border.
Elle Ă©tait motivĂ©e, lisait Napoleon Hill, Ă©coutait Tony Robbins et rĂȘvait de devenir une “Girl Boss”.
Puisque je vis au QuĂ©bec et que je dĂ©teste l’hiver, j’hiverne souvent sur une plage — l’avantage d’avoir une entreprise sur le web.

Janvier arrive et je propose Ă  ma copine d’aller vivre trois mois en Asie du Sud. Naturellement, elle me rĂ©pond qu’elle n’a pas l’argent pour faire ça. Je la rassure et lui dis que je vais payer pour tout Ă  une condition: elle doit en profiter pour dĂ©marrer son entreprise et quitter son emploi Ă  son retour.
Elle est motivĂ©e, c’est la chance qu’elle attendait. Elle me dit oui et on book notre vol — ça va ĂȘtre tout un voyage!

C’est Ă  destination que j’ai commencĂ© Ă  comprendre... How you do anything is truly how you do everything.

J’ai dĂ» retirer toutes les embĂ»ches du chemin de quelqu’un et lui tenir la main pour la faire avancer vers son objectif pour me rendre compte du sens de cette phrase.

Nous sommes des crĂ©atures d’habitudes. Si tu n’as pas l’habitude d’ĂȘtre passionnĂ© par ton travail, retirer tes embĂ»ches ne va pas magiquement faire de toi une personne passionnĂ©e. Si tu coupes les coins ronds dans une job que tu n’aimes pas, tu ne vas pas magiquement ĂȘtre perfectionniste en changeant de travail.
On est nos habitudes de vie. On ne se rĂ©veille pas magiquement un bon jour en Ă©tant une personne diffĂ©rente. On a un bagage qui nous suit: les mauvais plis (et les bons) qu’on dĂ©veloppe et qu’on traĂźne au fil du temps.

Une habitude de vie, c’est un peu comme un autopilote. Lorsqu’une situation familiĂšre se prĂ©sente, notre cerveau cherche un programme qu’on connaĂźt bien et part la cassette. Faire autrement demande une dose de contrĂŽle personnel difficile Ă  maintenir.

Les habitudes qui nous retiennent dans une chose (comme vouloir perdre du poids) vont souvent ĂȘtre les mĂȘmes habitudes qui vont nous nuire dans les autres sphĂšres de la vie. Ce qui veut dire que d’adresser une habitude problĂ©matique dans ta vie professionnelle a des rĂ©percussions positives sur ta vie personnelle et vice versa.

C’est pourquoi il faut faire attention pour ne pas se retrouver trop longtemps dans des situations si dĂ©sagrĂ©ables qu’elles nous transforment — comme une relation de couple qui nous rend malheureux ou un travail qui nous ne motive pas. Lentement mais sĂ»rement, ces situations vont changer nos habitudes de vie pour faire de nous de moins bonnes personnes. Tout ça Ă  notre insu.

Comme un cancer qui se dĂ©veloppe sournoisement, on s’en rend souvent compte lorsque les symptĂŽmes commencent Ă  se prĂ©senter: problĂšmes financiers, chicanes de couple, difficultĂ©s professionnelles, isolement


La solution face Ă  ce genre de situation n’est pas nĂ©cessairement de s’en dĂ©tacher — ça peut aider, mais le mal est dĂ©jĂ  fait. Il faut plutĂŽt avoir de l’empathie envers soi-mĂȘme, rĂ©aliser qu’on a du travail Ă  faire et investir quelques mois Ă  repasser nos mauvais plis. En thĂ©orie, les situations dĂ©sagrĂ©ables vont progressivement se transformer pour le mieux. Si elles ne se rĂ©solvent pas naturellement, alors elles vont devenir instables et se terminer d’elles-mĂȘmes (renvoi, rupture, etc.).

Si tu es dans ce genre de situation et que tu ne vois pas comment les choses pourraient s’amĂ©liorer, alors je te recommande (pour le bien-ĂȘtre de ta santĂ© mentale) de prendre la responsabilitĂ© d’y mettre fin. Au moins, tu auras la fiertĂ© d’avoir terminĂ© ça en tes propres termes et ça va t’éviter de tomber dans une mentalitĂ© de victime.

Bref, peu importe ta situation, c’est important de comprendre que la loi du 80/20 s’applique Ă©galement Ă  nos habitudes de vie. Une poignĂ©e d’entre elles est responsable de la majoritĂ© des gains possibles en productivitĂ©. Puisque productivitĂ© est synonyme de production de valeur, alors ces habitudes sont universelles et s’appliquent Ă  toutes les sphĂšres de ta vie.

Dans le reste de ce chapitre, je vais pointer du doigt trois habitudes de vie de marde. Je vais non seulement t’expliquer comment t’en dĂ©barrasser, mais Ă©galement par quoi les remplacer.

Ces habitudes de vies sont sournoises puisqu’elles proviennent de croyances populaires (malheureusement fausses). Probablement que la lecture des pages qui suivent va rĂ©veiller un sentiment de scepticisme en toi. Ton esprit va ĂȘtre particuliĂšrement distrait et tu vas ressentir l’urgence de regarder tes notifications sur ton tĂ©lĂ©phone. C’est normal. C’est la rĂ©sistance Ă  l’oeuvre. Ne t’inquiĂšte pas, on va en parler plus en dĂ©tail dans le prochain chapitre. Mais pour contrer cet effet, je t’invite Ă  prendre deux minutes pour regarder ton tĂ©lĂ©phone et ensuite mettre ta sonnerie Ă  silencieux. Dans la vie, rares sont les choses qui ne peuvent attendre que tu finisses ta lecture de quelques pages.

Je t’invite aussi Ă  faire un effort additionnel pour chercher la prĂ©sence et l’impact de ces habitudes, autant dans ta vie que celle des autres. On est tous imparfaits, il n’y a aucune honte Ă  ĂȘtre humain. La seule honte se trouve Ă  ĂȘtre un humain imparfait qui refuse d’évoluer car il est convaincu d’ĂȘtre parfait!
Pour une lecture plus approfondie sur les habitudes de vie, je te recommande fortement le best-seller “The Power of Habits” par Charles Duhigg.

Le mensonge de la visualisation

L’histoire d’un mĂ©galomane saoul

“2.5 millions, c’est moins cher qu’on pense!”

Guillaume (mon cousin/meilleur ami) me regarde et peine Ă  retenir son fou rire. “Ah ben oui! Juste 2.5 millions, Ă  ce prix-lĂ  t’en prends deux!” Jean-François (mon autre cousin) arrive au mĂȘme moment. “De quoi vous parlez? — Ah ben
 Olivier est en train de me montrer l’üle qu’il veut acheter quand il va ĂȘtre riche!”

Je prends une autre sip de scotch, reprends mon sĂ©rieux et continue. “Attends, c’est pas ça le plan. Je commence par acheter l’immeuble oĂč j’habite pour faire 2-3 petits changements
 Imagine que je fais une terrasse sur le toit et que je mets un spa. Faque lĂ , on est lĂ , dans le spa, avec 2 ou 3 top modĂšles (Ă©videmment) et, alors que tu te retournes la tĂȘte pour remplir ton verre de champagne, tu te fais accueillir par la vue de mon hĂ©liport avec mon hĂ©licoptĂšre. BAM!”

J-F me regarde avec ses yeux de “Eille, come on dude” et me lance d’une voix hĂ©sitante “Ouain, pas certain que tu aies le droit de faire atterrir un hĂ©licoptĂšre au centre-ville comme ça”.

Il a raison, j’ai fait mes devoirs. Je dois avouer mon hyperbole. “Tu as raison
 Ça me fait vraiment chier. MAIS, j’ai trouvĂ© la solution. On reste sur le bord du port, alors j’ai juste Ă  m’acheter un yacht avec un helipad!”

Guillaume part Ă  rire, J-F se met la main sur les yeux.

“C’est lĂ  que l’üle entre en jeux! Comme ça, je pourrais rentabiliser mon yacht ET mon hĂ©licoptĂšre!”

Pour mes deux amis, c’est la goutte qui fait dĂ©border le vase. Je les comprends, j’avoue moi-mĂȘme que mon plan est (un peu) ridicule. Le plus drĂŽle, c’est qu’ils savent que, malgrĂ© tout, une petite partie de moi pense sĂ©rieusement Ă  tout ça
 Du moins, assez pour regarder les prix et m’informer pour obtenir un permis de pilotage.

En quoi est-ce que ma mĂ©galomanie a Ă  voir avec les mauvaises habitudes de vie? Bonne question. J’y reviens...

Optimiste ou réaliste?

En 1999, deux chercheurs ont fait une dĂ©couverte fascinante en suivant trois groupes d’étudiants pendant une semaine avant leurs examens de mi-session. L’expĂ©rience se dĂ©roulait comme suit... Le premier groupe devait faire un exercice de visualisation avant chaque session d’étude. Lors de cette session de visualisation, les Ă©tudiants devaient imaginer la sensation et l’expĂ©rience de recevoir une note parfaite. Les participants du deuxiĂšme groupe, quant Ă  eux, devaient faire les mĂȘmes exercices de visualisation, mais cette fois-ci en imaginant le processus, c’est-Ă -dire le travail nĂ©cessaire pour atteindre une note parfaite. Finalement, le troisiĂšme groupe Ă©tait un groupe contrĂŽle et n’avait rien de particulier Ă  faire.
Les rĂ©sultats ont pris nos deux chercheurs par surprise. Non seulement le groupe B (visualisation du processus) a surpassĂ© les groupes A et C, mais le groupe A (visualisation du rĂ©sultat) a performĂ© moins bien que le groupe contrĂŽle! D’autres Ă©tudes ont par la suite confirmĂ© ce phĂ©nomĂšne.

Il semblerait que l’action d’imaginer le rĂ©sultat anticipĂ© trompe notre cerveau Ă  penser qu’on ait dĂ©jĂ  atteint ce dit objectif, rĂ©duisant ainsi notre motivation Ă  agir dans l'immĂ©diat.

Au contraire, visualiser le processus nous aide Ă  planifier l’atteinte de l’objectif. Ce plan nous rassure sur la faisabilitĂ© de notre projet, ce qui rĂ©duit notre anxiĂ©tĂ© et augmente notre confiance.

MĂȘme un rĂȘve fou se planifie.

Gary Vaynerchuk est prĂ©sentement l’un des entrepreneurs les plus influents dans le monde des mĂ©dias aux États-Unis. Son parcours est, disons... intĂ©ressant! NĂ© en Union soviĂ©tique, sa famille a immigrĂ© aux États-Unis alors qu’il n’était qu’un bĂ©bĂ©. À 24 ans, il reprend la business de son pĂšre (un magasin de vin) et amĂšne l’entreprise de 1 Ă  50 millions de chiffre d’affaires annuel en cinq ans. Il a Ă©crit quatre New York Times Best Sellers et a fondĂ© une agence numĂ©rique qui gĂšre la prĂ©sence web de compagnies dans les Fortune 500 telles que GE et PepsiCo. Il a Ă©galement fait partie des premiers investisseurs dans Facebook, Twitter, Tumblr & Uber.

Bref, Gary est un gars intense. Par exemple, il dit souvent que son rĂȘve est d’acheter les New York Jets, une Ă©quipe de football Ă©valuĂ© Ă  1,23 milliards.

Tout ça semble bien, mais maintenant que tu sais que la visualisation d’un objectif ambitieux n’aide pas vraiment, c’est Ă  se demander ce qu’il y a de spĂ©cial avec Gary.

Lors de sa premiĂšre entrevue avec Larry King, il explique la raison derriĂšre son rĂȘve fou: “Je vais sans doute mourir sans avoir atteint cet objectif et ça ne me dĂ©range pas. Acheter les jets n’est pas le point. Ce qui importe, c’est le processus qui va m’amener Ă  acheter les jets.”

Se fixer un objectif prĂ©cis et ambitieux (comme acheter un yacht, perdre du poids ou mĂȘme arrĂȘter de fumer) n’est que la premiĂšre Ă©tape — c’est comme se fixer une destination. La deuxiĂšme Ă©tape est de se faire un plan qui va nous permettre d’atteindre cette destination.

Planifier, c’est amener le futur dans le prĂ©sent pour qu’on soit en mesure d’y avoir un impact maintenant. — Alan Lakein

Lorsque Gary s’imagine acheter les Jets, il s’imagine aussi se lever à 5 h tous les matins et travailler 13 h par jour.

Au moment oĂč j’écris ces lignes, on est le 24 dĂ©cembre et il est 8 h du soir. Je ne suis pas obligĂ© d’écrire et je n’ai pas besoin de ce livre pour vivre. Cependant, il joue un rĂŽle bien prĂ©cis dans un plan machiavĂ©lique de domination mondiale. Lorsque je visualise mon Ăźle, je visualise Ă©galement les sacrifices qui viennent avec.

Et pas juste les sacrifices, mais aussi mes propres manques personnels. Je visualise les matins oĂč je n’aurai pas le goĂ»t de me lever, les soirs oĂč j’aurai Ă  dire non Ă  mes amis pour travailler, les moments oĂč j’aurai Ă  dire non alors que j’aurais le goĂ»t de dire oui.

Il faut prĂ©voir les Ă©vĂ©nements nĂ©gatifs qui vont se trouver sur notre chemin, les planifier et les anticiper. C’est le seul moyen de s’en prĂ©munir et d’ĂȘtre prĂȘts lorsque l’inĂ©vitable va arriver.

La culture et sa pseudo science Ă  2 cents.

“S’il t’arrive un accident de voiture, c’est parce que tu l’as attirĂ© avec ta pensĂ©e. Les pensĂ©es possĂšdent leur propre plan d'existence qui est rĂ©gi par la loi de l’attraction. Les pensĂ©es similaires s’attirent et influencent le monde physique.”

Personnellement, je pense qu’il faut ĂȘtre complĂštement tarĂ© pour croire un tel ramassis de bullshit. Malheureusement pour moi, il semblerait que les 19 millions de personnes ayant achetĂ© “Le Secret” par Rhonda Byrne ne partagent pas mon opinion.

Ce livre est probablement la figure la plus proĂ©minente d’un nouveau courant de pensĂ©e populaire sur le positivisme. Selon eux, la visualisation joue un rĂŽle hyper important dans l’accomplissement de soi. Si on visualise ce qu’on dĂ©sire, notre vie va magiquement se transformer pour concrĂ©tiser notre vision.

Le point que j’ai voulu faire dans les derniĂšres pages est: laisse ces Ăąneries aux hippies. La visualisation d’un monde idĂ©al et parfait n’est pas une promesse de changement, mais plutĂŽt un moyen de dĂ©fense inconscient que notre corps utilise (avec beaucoup d’efficacitĂ©) pour combattre l’anxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par une situation (et non pour changer ladite situation).

Voici un extrait de Willpower Instinct par Kelly McGonigal. Elle y explique le “syndrome des faux espoirs”. Je trouve ça pertinent Ă  notre rĂ©flexion:

D’un point de vue “bonheur gĂ©nĂ©rĂ©â€, on peut difficilement comparer l’effort de changer Ă  l’excitation gĂ©nĂ©rĂ©e par l’action d’imaginer qu’on va changer. C’est non seulement plus facile, mais beaucoup plus agrĂ©able de contempler la promesse de changement, sans avoir Ă  gĂ©rer le trouble que ça implique. C’est pourquoi plusieurs personnes vont abandonner trĂšs rapidement, seulement pour rĂ©essayer quelques semaines plus tard. Elles prĂ©fĂšrent recommencer encore et encore plutĂŽt que de trouver un moyen permanent pour changer. Le high qu’on reçoit lorsqu’on imagine son propre makeover est une drogue difficile Ă  quitter. (P.152)

Plus tard, on peut Ă©galement lire:
Le suroptimisme mĂšne Ă  l’échec, ce qui entraĂźne un sentiment de culpabilitĂ© et d’anxiĂ©tĂ©. En rĂ©ponse, notre cerveau dĂ©clenche des habitudes pour attĂ©nuer ces Ă©motions nĂ©gatives (comme procrastiner, manger, consommer, etc.).

C’est normal, voire trĂšs sain d’avoir des rĂȘves ambitieux. Cependant, il existe une distinction importante entre rĂ©alisme et optimisme. Le premier va t’amener du changement (et beaucoup de travail) tandis que l’autre ne sert qu’à te faire oublier ton mĂ©contentement face Ă  ta propre situation.

Le premier rĂ©flexe Ă  avoir lorsqu’on se prend en train de rĂȘvasser Ă  un monde parfait est de dĂ©construire cette rĂ©alitĂ© et de calculer exactement tout ce qu’il faut faire pour la concrĂ©tiser.

Calcule tout! Le temps que ça va prendre, l’argent dont tu vas avoir besoin, les contacts que tu vas devoir faire.

J’ai souvent fait de la consultation avec des entrepreneurs qui veulent plus de rĂ©sultats et je dois avouer que ça me sidĂšre Ă  quel point peu de personnes ont cette habitude.

On va me dire quelque chose comme “j’aimerais faire 10 ventes par jour”. Sur quoi je rĂ©ponds “Quel est ton coĂ»t par prospect (coĂ»t publicitaire pour avoir un contact intĂ©ressĂ© Ă  acheter) et quel est ton taux de conversion (pourcentage des prospects qui finissent par devenir client)?”

On me répond souvent quelque chose qui tourne autour de 3 $ et 5 %.

Avec ces chiffres, on peut dire que ça coĂ»te en moyenne 60 $ faire une vente et que, pour en faire 10 par jour, il va falloir investir 600 $ par jour en publicitĂ©. Lorsque je dis ça, la personne me regarde, la bouche ouverte, et rĂ©pĂšte mes derniers mots avec hĂ©sitation: “600 $... par jour?!

— Yep, 220 000 $ en publicitĂ© par annĂ©e. Et probablement plus autour de 440 000 $ parce que le coĂ»t double souvent lorsqu’on met une campagne publicitaire Ă  l’échelle comme ça! Donc 1 200 $ par jour.”
Leur regard pĂ©tillant d’ambition devient flat comme un rhum & coke trop fort
 Ils aiment fantasmer Ă  l’idĂ©e de faire 10 ventes par jour (ce qui Ă©quivaut Ă  plusieurs milliers en profits), mais chignent lorsque j’explique qu’ils vont devoir risquer une bonne partie de leur argent pour atteindre cet objectif.

Pour rĂ©ussir, il faut dire oui Ă  UN rĂȘve, le dĂ©construire et s’engager Ă  le prioriser sur tout le reste.
Lorsque tu vas manquer de motivation (parce que ça va arriver), passe 5 minutes Ă  rĂȘvasser Ă  ton objectif avant de te rappeler que cette rĂ©alitĂ© future n’est possible que si tu exĂ©cutes ton plan Ă  la perfection dans le prĂ©sent.

Pour te motiver encore plus, imagine que tu te regardes Ă  travers les yeux de ton “futur moi”, le boss qui a tout ce que tu as toujours rĂȘvĂ©. Mets-toi Ă  sa place et observe-toi, lĂ  sur le divan,  à manger des Cheetos en Ă©coutant “CĂ©libataires et nus”. Regarde-toi bien et juge-toi.

Il est possible que tu te sentes coupable. Il faut donc anticiper que ton corps veuille attĂ©nuer ce sentiment Ă  travers une routine (ex.: accompagner tes Cheetos d’une coupe de vin). RĂ©siste Ă  cette tentation, rappelle-toi du plan et passe Ă  l’action.

Et si ce n’est pas assez, fais-toi peur en imaginant le pire scĂ©nario possible qui te guette. Imagine-toi finir ta vie dans une job qui te donne le goĂ»t de te pendre, vivre chaque jour avec un/une partenaire que tu n’aimes pas, et devoir te rĂ©conforter Ă  travers l’alcool cheap, la bouffe grasse et Netflix.
Analyse la trajectoire de ta vie. Regarde bien tes deux ou trois derniĂšres annĂ©es, car elles sont une bonne indication d’oĂč elle se dirige.

Demande-toi: si chaque journĂ©e de ma vie est exactement comme aujourd’hui, est-ce que je vais atteindre mes objectifs dans le temps souhaitĂ©? Si oui, alors tu peux Ă©couter ton Ă©mission niaiseuse sans remords. T’as fait une belle job, tu peux mĂȘme te verser un scotch avec ça! Mais si la rĂ©ponse est non, demande-toi ce que tu devrais changer Ă  ta routine quotidienne pour corriger la trajectoire de ta vie.
Jim Rohn disait quelque chose comme “Manger du fast food, c’est une mauvaise habitude. Manger du fast food chaque jour pendant 10 ans, c’est un dĂ©sastre”.

C’est facile de sous-estimer l’importance des petites choses, mais il faut rĂ©aliser que ce sont nos habitudes — ce qu’on fait tous les jours — qui dĂ©terminent qui nous sommes et quel genre de vie on mĂšne.

Puisqu’on surestime notre “futur-moi” tout en se dissociant de lui, c’est facile de dire “demain”. Mais demain arrive, et le “moi” prĂ©sent n’a pas plus la force ou la motivation de faire ce qu’il doit faire. Il faut ĂȘtre pessimiste. Se dire que si on ne le fait pas aujourd’hui, on ne le fera pas plus demain.

Le secret n’est pas la pensĂ©e magique. Le vrai secret, c’est une dose dĂ©mesurĂ©e d’ambition mĂ©langĂ©e Ă  une douche froide de rĂ©alisme.

Fin de l'extrait. 

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